II/a : Le métier des Armes :Les seigneurs se préparent au métier des armes dès leur enfance. Ils sont d'abord pages, valets puis écuyers. Ils aident leur suzerain à s'habiller, entretiennent ses armes, s'occupent des chevaux. En tant qu'auxiliaires, ils portent le lourd écu (bouclier) du chevalier lorsqu'il est au combat.
Vers l'âge de quinze ans, ils sont admis au combat et s'initient aux manœuvres des armées. C'est l'adoubement qui fait du jeune écuyer un véritable chevalier. Il s'agit en fait d'un rite de passage : après avoir reçu ses armes, le nouveau chevalier est frappé soit du plat d'une arme sur l'épaule, soit de la main sur la joue – c'est la colée, symbole de sa résistance.
S'il leur revient de protéger les faibles, de faire la guerre, en temps de paix, ils s'adonnent à la chasse, sport noble, et au tournois. Pour conserver intacte leur ardeur guerrière, les chevaliers se battent « amicalement » entre eux. En fait, ce sont des exercices très sérieux et très violents, véritable école de guerre.
II/b : Code moral : Son code moral très stric donne au chevalier des valeurs de référence. Il doit d'abord être
preux, c'est-à-dire vaillant. Par le mot « prouesse », on désignait l'ensemble des qualités morales et physiques qui font la vaillance d'un guerrier. Le chevalier doit donc être fort physiquement et psychologiquement. Il doit être courageux. Devant le danger, un chevalier ne recule pas. Il ne craint pas pour sa vie, puisqu'il la dédie à protéger les faibles. Il doit aussi être
loyal. En effet, le premier devoir du chevalier est de tenir parole. S'il rompt la foi qu'il a jurée, c'en est fait de sa réputation. Il faut savoir que la chevalerie est une fraternité dont tous les membres s'entraident. D'ailleurs, il est important que les chevaliers puissent se faire confiance, puisqu'ils vont combattre ensemble : ils doivent être assurés que leurs camarades ne les laisseront pas tomber. La
largesse est aussi une valeur du chevalier modèle. Il s'agit du mépris du profit, voire de la prodigalité. Un chevalier ne devait pas s'attacher aux richesses, mais les distribuer autour de lui dans la joie. Enfin, un bon chevalier fait preuve de
mesure, c'est-à-dire qu'il sait réprimer les excès de sa colère, de son envie, de sa haine, de sa cupidité, qu'il est capable de rester maître de lui-même dans le feu de l'action. La mesure est donc l'équilibre entre la prouesse et la sagesse. Afin de l'enseigner aux futurs chevaliers, on les faisait jouer... aux échecs. La
courtoisie a aussi contribué à promouvoir la mesure – quand elle n'a pas elle-même versé dans l'excès.
Ainsi, les qualités d’un bon chevalier sont :
- prouesse
- loyauté
- largesse
- mesure
- courtoisie
On peut dire d'un chevalier qui suivait ces règles morales qu'il vivait selon une éthique de l’honneur (règles de comportement et de convenances).
Idéologie : L’idéologie " chevaleresque "
Si l’éthique chevaleresque a pu apparaître rétrospectivement comme intemporelle et invariable, elle s’est en fait constituée dans la confrontation de multiples valeurs, militaires, religieuses ou païennes ; valeurs qui seront sublimées en un idéal si pur qu’il deviendra universel… et presque utopique. Cette idéologie " chevaleresque " s’est formée peu à peu, sous l’influence de l’Eglise, de la noblesse, d’un code déontologique et de la littérature.
L’Eglise cherche d’abord à limiter les méfaits des seuls guerriers, en mettant les chevaliers au service de sa cause, et en en faisant des défenseurs de la chrétienté, des veuves et des orphelins.
La noblesse souligne les idéaux de service et de fidélité au seigneur, et développe une idéologie aristocratique anti-roturière en flattant l’orgueil de caste des chevaliers.
Le code déontologique forgé dans les guerres et les tournois, valorise le combat à la lance et à l’épée, condamne l’usage des armes de trait (à projectiles), interdit aux chevaliers d’achever un adversaire blessé ou désarmé criant " merci ", réglemente les pratiques de rançon ou de butin, et, accroît le sens du compagnonnage.
La littérature, pour sa part, introduit dans le monde brutal de la chevalerie, la dimension féminine en valorisant les vertus de l’amour courtois.
A partir du XIVe siècle, ceux qui ne se conforment pas à ces pratiques sont exclus de la chevalerie.
III/ Comment est-il nommé chevalier ? : L’adoubement d’un chevalier
Jusqu'au XIe siècle, l'adoubement (mot qui pourrait provenir du verbe francique dubban : frapper) est une cérémonie très simple, qui coïncide généralement avec une fête religieuse. Au XIIe siècle, il devient une cérémonie fastueuse et très populaire. Sacralisé par l'Eglise, il équivaut à un nouveau baptême.
Reçu au château de son futur suzerain, dont il deviendra vassal ; le jeune écuyer voulant devenir chevalier, prend, en premier lieu, un bain purificateur sous le regard d'un homme d'église. Il doit ensuite se recueillir, jeûner toute la journée, et prier toute la nuit précédant l’adoubement.
Au matin de la cérémonie, le jeune homme assiste à la messe et communie. Il est alors emmené par des moines et des serviteurs, qui l'habillent et lui donnent les dernières recommandations. Ces préparatifs ont pour but de laisser un temps de réflexion au postulant et de le purifier. Celui-ci doit être parfaitement sûr du choix de sa " destinée " lors de la cérémonie. Son engagement est à vie, et le serment qu'il prononce, inviolable sous peine de mort.
Dans la salle principale du château, en présence de sa famille, des seigneurs voisins et de ses camarades, le jeune écuyer prête serment à son seigneur. Il lui promet fidélité et loyauté à vie. Il reçoit alors son épée, le symbole de son rang, des éperons symbolisant son droit à posséder et dresser un cheval, son bouclier et ses armoiries.
Pour clore la cérémonie, le futur chevalier reçoit la " colée " : une gifle dont il était d'usage de dire que c'était la dernière qu'il recevait sans la rendre. Il s’agit en fait d’un coup asséné du plat de la main sur le cou ou la nuque. La colée se transforme, à la fin du Moyen Age, en " accolade ", coup donné du plat de l’épée sur l’épaule du futur chevalier.
Alors, musiciens, jongleurs et acrobates envahissent la salle, pendant que tout le monde s'attable pour le banquet.
La journée se poursuit dans la liesse, ponctuée de joutes et de passes d'armes, jusqu'au soir, où le nouveau chevalier quitte le château de son seigneur.
L'équipement du chevalier : L’épée : arme par excellence du chevalier
L’épée est l'arme par excellence du chevalier et de l'homme d'arme du Moyen Age. Son origine remonte à la plus haute l'antiquité et même sans doute à l'âge du bronze. Les Grecs et les Romains utilisaient des épées plutôt courtes (60 centimètres environ) d'abord en bronze puis en fer. Toutefois, leur qualité n'était pas excellente.
L'usage de l'épée longue (environ 90 centimètres), semble débuter à l'époque Franque et plus spécialement Carolingienne. A partir de cette période, l'épée devint l'arme la plus noble ; son pommeau creux renfermait même parfois des reliques. L'épée était donc très importante pour le chevalier qui la possédait, elle portait souvent un nom (la plus célèbre est Durandal, l'épée de Roland). Parfois même il lui parlait comme à un compagnon, et préférait la briser quand la fin était proche, plutôt que de voir un ennemi s'en emparer.
Pendant le Moyen Age, les mots " branc " et " épée " sont employés pour désigner cette arme. On nommait la lame alemelle ou lumelle ; la poignée le helz, l'endeure, l'enheudeure ou encore le heut ; le pommeau était nommé le pont ou le plommel ; la garde se disait l'arestuel ou les quillons ; et le fourreau s'appelait le fourrel ou le fuere. Quand on frappait par le tranchant, on parlait d'un coup de " taille ", tandis que si c'était une tentative qui visait à planter l'épée dans son adversaire, il s'agissait d'un coup " d'estoc ". Ce genre de coup était interdit en joute (le but des joutes n’était pas de s'entretuer, mais de montrer le potentiel au combat des chevaliers).
Jusqu'au XIIe siècle, l'épée utilisée pour la taille, qui possédait deux tranchants, se terminait par un bout plutôt arrondi. A la fin du XIIe siècle, la poignée devient assez longue pour permettre de se servir de l'arme à deux mains. Ensuite, la forme de l'épée ne se modifie guère jusque vers le milieu du XIIIe siècle. A cette époque, on distingue deux types d'épées : les épées à lames légères, utilisées de taille et d'autres à lames lourdes, plus courtes et destinées à des coups d'estoc. Les chevaliers en possédaient souvent une de chaque, la première utilisée à cheval et la seconde pour le combat à pied. Au XVe siècle, les armées donnant un rôle important à l'infanterie, équipèrent leur fantassins de grandes épées à deux mains pouvant atteindre jusqu'à 1m65. Elles étaient utilisées pour faire des ravages contre les escadrons de cavalerie. L'épée perdit de son importance lors du combat avec l'avènement des armes à feu portatives et cessa d'être une arme de guerre dès le XVIe siècle. Elle fut remplacée par le sabre dans la cavalerie.
En général l'épée mesure environ 1 m et pèse 2 kg. Sa lame est large d'environ 9 cm. Elle a une longue lame à deux tranchants. On s'en sert surtout pour assommer l'adversaire. Il est d'usage d'enfermer des reliques dans le pommeau, destinées à porter chance au combattant et à le protéger des mauvais coups.
L’équipement étant aussi lourd que coûteux, les chevaliers ne pouvaient enfiler leur armure tout seuls, et le prix de l’équipement était à lui seul un obstacle de taille à l’époque où tout le monde pouvait devenir chevalier. Vers le XI-XIIe siècle, chaque pièce de l’équipement a commencé à avoir une valeur symbolique :
Le heaume : l'espérance, l'intelligence, la pudeur.
La cuirasse : la prudence, la piété, la protection contre le vice et l'erreur.
Les gantelets : la justice, la science, le discernement, l'honneur.
L'écu (bouclier) : la foi, le conseil, la protection contre l'orgueil, la débauche et l'hérésie.
La lance : la charité, la sagesse, la droite vérité.
Les pièces qui forment l'armure complète – une quinzaine pour les principales, une centaine au total – sont agencées avec habileté, mais l'ensemble reste fragile. Le poids de l'armure atteint 20 à 25 kg, ce qui correspond au poids moyen de l'équipement porté par les soldats de toutes les époques. Les chausses : sont des bas faits dans un tissu métallique et recouvrant les jambes et les pieds.
La coiffe : est dans un premier temps une calotte de laine placée entre le heaume et le capuchon du haubert. Au XIIIe siècle, elle est en fer.
La cotte d'armes : est un vêtement à longues manches orné des armoiries que les chevaliers, lors des tournois, portent par-dessus l'armure. C'est avant tout un habit d'ornement, sans aucune valeur défensive.
Le ceinturon : est une ceinture grossière, en cuir, généralement garni d'une boucle de fer émaillé ou ciselé. Il est souvent utilisé comme emblème pour marquer son appartenance à un groupe.
L'écu : est un bouclier mesurant 1,50 m en hauteur et 70 cm en largeur. Il peut couvrir un homme debout depuis la tête jusqu'aux pieds. Il est en bois cambré, couvert d'un cuir plus ou moins orné et peint (les armoiries), le tout solidement relié par une armature de métal. Il est muni dans sa partie concave de courroies (des enarmes) dans lesquelles le chevalier passe le bras, et d'une sangle (guigue) qui lui sert à le suspendre à son cou durant la marche. Au milieu de l'écu se trouve une protubérance, une saillie de métal appelée boucle. Parfois on y met une boule de métal précieux ou de cristal. L'écu sert de civière pour le transport des blessés après la bataille.
Les éperons : sont des petites branches de métal, terminées par une pointe, que le chevalier attache par-dessus les chausses. Ils sont l'un des emblèmes du chevalier, car remis et attachés par le parrain lors de l'adoubement.
Le gambison : est une cotte de tissu rembourré. Il se porte sous le haubert, afin de servir de protection du corps supplémentaire. Il est aussi appelé surcôt ou jaséran.
Le haubert : apparaît au XIe siècle. C'est une cotte de maille, c'est à dire une longue tunique métallique qui descend jusqu'au-dessous du genou. Elle est formée d'environ 30 000 mailles, ou anneaux de fer entrecroisés, et pèse de 10 à 12 kg. Elle est fendue sur le devant et le derrière, et elle se prolonge vers le haut de façon à constituer un capuchon (aussi appelé chapel) qui protège le cou, la nuque et le bas du visage. Très coûteux, le haubert est en principe impénétrable à l'épée et à la lance. On le vernit de diverses couleurs. Quand il n'est que poli, on parle de haubert brillant.
Le heaume : est un grand casque d'acier de forme cylindrique ou conique. Il est bordé d'un cercle, c'est à dire d'une bande de métal ornementé de pierres précieuses ou de morceaux de verre colorés. Sur le devant se trouve une barre de fer rectangulaire, le nasal ou protège-nez. Le heaume est posé sur le capuchon du haubert et y est attaché par des lacets de cuir. A la pointe du heaume, on attache un tissu aux couleurs de sa Dame.
La lance : mesure environ 3 m et pèse de 2 à 5 kg. Le bois est le plus souvent du frêne, le fer est en acier bruni, en forme de losange ou de triangle, au sommet est fixé le gonfanon, petit étendard presque toujours à trois langues ou à trois pans. Quand la lance est en arrêt, elle s'appuie sur le feutre, un bourrelet de feutre fixé à la selle. L'endroit de la hampe où le chevalier place sa main est recouvert d'une peau et s'appele quamois, qu'on peut traduire par "manche garni de cuir".
Les mitaines : sont des gantelets de laine, puis de cuir, où seul le pouce est articulé. A partir du XIIe siècle, elles sont en fer.
L'attribut essentiel d'un chevalier est, bien entendu, son cheval.Le cheval jouait aussi un rôle car, sans cheval ce dernier se déplaçait très lentement (voir pas du tout), souvent même le chevalier ne pouvait pas monter seul sur son cheval (uniquement dans les cas où les articulation de l'armure ne correspondent pas au articulation du chevalier). Un chevalier en armure peut trés bien courir, sauter un petit mur, ... à la seul condition de ne pas le faire longtemps, lors de la cérémonie d'adoublement le chevalier devait d'ailleurs sauter sur un cheval sans toucher